En correction de votre devoir voici une fable écrite par un poète du XXè siècle Jacques Charpentreau qui s'est amusé à parodier Jean de La Fontaine
Le Bœuf
et la Grenouille
Un Bœuf apercevant une alerte
Grenouille
Fut saisi de ravissement.
Il la contemple, il s'agenouille :
Quels
bonds !
Même le firmament
Semble
être à sa portée ! Le
lourdaud se décide
À l'imiter.
Il marche, il saute, il court, il va
dans le torride
Après-midi d'été,
Comme si mille taons le harcelaient
sans cesse.
Ah ! s'amincir enfin ! Perdre
toute sa graisse !
Trempé de sueur, le mufle bas, il
demande : « Est-ce
Assez ? » Mais la Grenouille
rit,
Et semble s'envoler. Alors, le Bœuf est pris
D'un courage héroïque : il jeûne,
il boude l'herbe
Verte, fraîche, superbe.
« Suis-je à votre niveau ?–
Pas tout à fait encor.
– Ma taille est-elle fine ? –
Redoublez votre effort ! »
Le
balourd
se résigne
À souffrir pour avoir la ligne.
En quelques jours il perd
Son port majestueux, sa peau flotte, il
a l'air
D'une
pauvre carcasse.
Ses flancs se sont creusés, ses os
percent sa peau.
Il trépasse
Bientôt.
Le monde est plein de gens qui ne sont
pas plus sages :
Et jeûnent pour avoir l'air d'un
haricot vert.
Les
messieurs bedonnants s'agitent sur les plages
Comme des garçonnets;
L'épais
béton
copie la dentelle de pierre;
La
pesante voiture envie la montgolfière;
Sur scène, on voit se contorsionner
L'énorme
cantatrice
Voulant susurrer, en discrète actrice,
Sa terrible clameur.
Et l'on peut allonger la liste :
Le
plus lourd des rimeurs
Singe le léger fabuliste.
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