I / Qui est Marc Riboud ? Né à lyon en 1923, il s'engage dans la résistance dans le Vercors de 1944à 1945 . Après la guerre, il se consacre à la photoet parcourt le monde surtout la Chine et l'Inde pour couvrir des énénements politiques .Photographe et homme engagé, il témoigne des atrocités de la guerre au Viêt Namet du déclin des cultures sous la répression (en Chine pendant la Révolution culturelle). En contrepoint, il sait capter la grâce de la vie quotidienne dans des lieux lointains inondés de soleil (Fès, Angkor, Acapulco, Bénarès, le Shaanxi, le Niger) et le lyrisme des jeux d'enfant dans le Paris de tous les jours.
Les personnages solitaires sont fréquents dans l'œuvre de M. Riboud. La photographie en noir et blanc du peintre de la tour Eiffel, publiée dans Life en 1953 est très célèbre.
II / Quelle est la nature du document étudié ?
Il s'agit d'un cliché en noir et blanc ( photo prise sur le vif sans pause ni mise en scène ) . : une jene fille ( Jane rose Kasmir s'approche des gardes américains et a ce geste symbolique de lever une fleur contre les baïonnettes . Marc Riboud capture ce cliché .
c'est au moment du tirage que le photographe peut retravailler le cadrage et les effets de mise au point . 36 photos ont été prises par M. riboud sur cette manifestation . Tout le travail du photographe est de saisir l'instant décisif et de le reconnaitre sur les plans de tirage
III / Dans quel contexte a été prise la photo?
La photo a été prise à Washington devant le Pentagone ( ministère de la Défense ) le 21 octobre 1967.
Les Etats unis sont en pleine guerre contre le Vetnam (guerre qui va créer un vrai traumatisme dans la société américaine /voir des films comme Apocalypse Now /Rambo ..) Les pacifistes essentiellement des jeunes issus du mouvement hippie manifestent contre cette guerre. Ils ont été violemment repoussés par les forces de l'ordre.
IV Analyse de l'image La photo montre en plan rapproché une femme de profil faisant face à un rang de soldats (en partie hors champ ) . Le cadrage a coupé les hommes, ne laissant très visibles que les baïonnettes face à la fleur. Ce cadrage a été voulu et retravaillé par le photographe: il a joué sur la profondeur de champ rendue floue pour mieux souligner la force du 1er plan . La photo se construit sur un jeu d'opposition qui viennent renforcer le message de la photo et souligner ce face à face inégal et terrible Des hommes ----------------------une femme uniformes-------------------------vêtement fleuri sombre----------------------------clair des baïonnettes-----------------------------------une fleur métal------------------------------------végétal dureté-------------------------------------sensibilité agressivité-----------------------------------prière,offrande mort----------------------------vie Le photographe semble rester neutre par le choix de la prise de vue sur la ligne médiane et souligne la détermination des deux camps ( ceux qui veulent servir leur pays ceux qui veulent défendre le droit à la vie ) . Mais l'ensemble des connotations positives sont du coté de la jeune hippie .De plus , la beauté du geste de la femme , son courage (seule face à plusieurs armés ) témoignent de la prise de position du photographe qui ne met pas en valeur les soldats en tant qu'homme alors qu'il met en valeur le visage pur et déterminé de la jeune femme . V Le message Il est en lien avec le message véhiculé par le mouvement hippie dans les années 60/70: "faites l'amour pas la guerre"/ " Le pouvoir des fleurs contre la force des armes ". cette photo n'est donc pas seulement informative . elle n'a pas pour but de montrer la violence de la répression de cette manifestation ( or ce jour-là, la foule était nombreuse et les gardes ont agi avec force ). mais elle est un symbole comme l'a dit Marc Riboud lui-même qui a préféré ce cliché aus autres pris le même jour : "Je photographie avec frénésie, la nuit tombe, j'épuise mes films quand cette jeune fille , seule, face aux baïonnettes dessine avec cette fleur le symbole de la jeunesse américaine . " La force de cette image qu'elle incarne tout forme ce résistance pacifiste à la violence comme le montre la postérité de cette image . VI La postérité de la photo: Voici deux exemples où l'on voit comment la portée symbolique de la photo de Marc Riboud s'est retrouvée dans d'autres clichés ou film : I / Paris, France, 2005. Évacuation à 7h du matin par les forces de police d'un immeuble rue du Maroc dans le 19e arrondissement Photo © Diane Grimonet |
II / Le réalisateur du Grand Bleu, Nikita, Léon, Arthur... rend un hommage vibrant à l'héroine de la résistance birmane dans son nouveau film "The Lady" : Un hymne au courage et à la soif de liberté face à la dictature impitoyable toujours en place en Birmanie.
Le film The Lady, de Luc Besson, retrace la vie d'Aung San Suu Kyi, femme politique birmane, prix Nobel de la paix 1991. L'une des images emblématiques de ce film nous montre l'héroïne (interprétée par Michelle Yeoh) se dirigeant vers une troupe armée qui la met en joue :
Elle avance, ne s'arrête pas, traverse la haie de militaires immobiles :
Dans une interview, Luc Besson précise que cet épisode a véritablement eu lieu. Mais aucune photo ne fut prise à ce moment, et le cinéaste n'a pas pu se renseigner auprès d'Aung San Suu Kyi pour savoir comment s'était réellement déroulé cet événement puiqu'elle était retenue prisonnière par les autorités birmanes . Il a, dit-il, avoir obtenu des détails auprès de proches de témoins. Ce qui est sûr, c'est que le cinéaste s'est directement inspiré de la photo de Marc Riboud
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